lundi 3 mai 2010

Classe

Ils sont là, ils m'observent. Attendent que je dise quelque chose. Il y en a un qui est beaucoup plus grand, plus costaud que moi. Il est assis à la première rangée, le bureau le plus à gauche. Une fille aux cheveux longs qui dessine dans son agenda. Une petite avec un foulard rouge sur la tête rit les deux mains devant la bouche. Un autre, derrière, qui fixe le sol.

Ils ne savent pas que je ne sais rien. Que je suis perplexe derrière mon grand sourire et mes mains qui se baladent sur mon bureau bien centré devant eux. On m'avait dit de faire celle qui est au-dessus de ses affaires. De ne jamais montrer ma peur. Mais je n'y arrive pas. Je ris lorsqu'un élève dit une blague un petit peu déplacée. J'installe le silence pour le briser moi-même. Je les écoute me parler de la partie de hockey d'hier. Ils sont si nombreux à vouloir attirer mon attention, que je ne sais plus trop lequel écouter. Je leur réponds en Innu, comme une grande soeur.

Puis tout à coup, ils me parlent de mutilation, de drogues. Ils s'interpellent par des mots affreux comme violeur. Je dis c'est pas bien. Je leur dit d'arrêter. Je confisque des punaises. Ils me demandent pourquoi? Je dis il ne faut pas, c'est tout. Je voudrais être ailleurs. Serrer mon fils très fort dans mes bras et lui dire combien il est précieux.

La cloche sonne. Nous sommes libérés. Eux de leurs chaises. Moi de mon incompétence.

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