jeudi 10 février 2011

Dilemme

J'aimerais vous parlez de la pièce de théâtre que j'ai vue hier. Vous dire pourquoi le génie humain me touche lorsqu'il me surprend, assise sur la dernière rangée du fond alors qu'une vieille dame se permet des soupires de rire entre deux coup d’œil dans ses jumelles de luxe. J’ai hâte d’avoir son âge. J’aimerais encenser la pièce jusqu’à la rendre intouchable, pas seulement parce que le berceau de son auteur est Québec, mais parce qu’il arrive a rendre le regard des gens normaux spectaculaire, presque magique.

Mais ce n’est pas ça. Hier, j’ai lu aussi. Un journal sur le coin d’un bureau à la radio communautaire où je travaille. Un article sur le Grand Nord Québécois. S’avez, le Grand Nord n’est pas aussi loin qu’on s’imagine. C’est juste isolé. L’article débutait avec l’énumération des nombreux problèmes sociaux des communautés Inuites. Un paragraphe pour faire le tour. Suffit de mettre les mots qui comptent : alcoolisme, pénurie de logements, suicide, pauvreté. Ces réalités qui ne nécessitent aucun superlatif.

Mais ce n’est pas ça. L’article parlait d’un fléau plus récent. Récent ou très ancien. Depuis quelques années, la tuberculose est en hausse dans les foyers trop étroits, mal aérés, surpeuplés des habitants du Nord. Cette maladie aux allures d’une grippe, mais qui affecte le corps avec beaucoup plus de violence et s’installe en lui avec des odeurs de morts. Toute la journée j’ai imaginé une cabane en bois habités par des toussotements. Un crachat de sang dans un mouchoir et un paysage de neige pour voisinage. Le tiers monde existe au Québec. Il est isolé, mais pas si loin.

Ressasser l’article toute la journée, jusqu’à huit heure moins quart. Quelques minutes avant le début de la pièce. La vieille femme toussote, l’homme avec elle est galant. Les lumières s’éteignent. Et tout le génie créateur de Robert Lepage apparaît, petit à petit. Un sourire sur mes lèvres. Je partage l’humeur rieuse de ma voisine. Le destin de deux frères, leurs différences, la rivalité et la face cachée des choses humaines. L’éblouissement certain d’un homme qui s’envole.

Aujourd’hui, prise dans le dilemme de décrire la beauté ou le désastre.

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