lundi 16 juillet 2012

Innu-assi

Bien sûr, nous sommes différents. Nous parlons une langue différente, bifurquons quelques fois vers la vôtre, pour mieux nommer la modernité, l’espace numérique nouvellement créé. Nous habitons des villages que d’autres appellent réserves, mais si vous saviez la langue, vous comprendriez que nous habitons le territoire. Bien sûr, nos maisons sont faites de bois, de ciment enfoui dans la terre. Nos maisons n’ont pas de briques. Nos clôtures ne sont jamais assez tenaces pour ceux qui connaissent la distance. Nos foyers jamais assez chauds, pour ceux qui se nourrissent d’accolades. La proximité c’est ce qui nous a nourris, élevés, faits devenir hommes et femmes. Nous sommes habitants du Nord, nous vivions sous des tentes. Bien sûr les yeux des enfants brillent comme partout ailleurs, s’illuminent devant le plaisir flagrant d’une crème molle ou d’un après-midi près de l’eau. Et ces enfants grandissent, et bien sûr, confrontés aux réalités d’adultes, cherchent leur chemin, eux aussi. S’égarent. Et se retrouvent, eux aussi. Bien sûr, nous vivons sur le sable. Près de l’eau et des lacs. Nous baignons nos corps assoiffés, un mois l’an, quand le soleil nous offre sa chaleur. Et ce lointain que nous observons, nous offre un infini, un rêve. Bien sûr, les femmes crient après leur homme, les punissent d’infidélité. Puis elles pardonnent au père de leurs enfants. Bien sûr nous aimons la bière et le vin, l’ivresse tranquille et la musique douce. Les soirées qui s’éternisent, dans lesquelles on danse toute la nuit. Bien sûr, on meurt et on naît. On se lamente et on prie. On se marie pour la vie. On aime et on jure. On espère. On rêve. Bien sûr, nous sommes différents.

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