vendredi 11 avril 2014

Faire l'indienne

Rappelle moi que je vis,
dans ces personnages fictifs que le beau monde se raconte en se flattant,
en arrachant  la dernière plume de mes fesses
dans ces chiffres statistiques, qui me font rechuter, qui me font me morfondre,
dans la nuit noire, noire
si tu es celui que tu dis être,
rappelle moi que j'existe
que je peux être magnifique,
pas à cause de ma peau brune et de mes yeux noirs,
parce que je reste sauvage, même instruite,
ne me peins pas dans un tableau, ne me garde pas dans un livre,
rappelle-moi que je vis.

moi ta bohème, ta suave, ta grandeur lorsque tu écris,
ta faiblesse lorsque tu pleures,
dis-moi que le monde est immense et pénétrable
dis-moi que je suis trop petite
je te croirai

Rappelle-moi que j'existe,
une fois les caméras éteintes,
lorsque les gens parlent de moi, lorsqu'ils disent l'indienne.
Souviens-toi que je me suis assise sur cette chaise
Qu'à toutes tes questions j'ai répondu
Je n'ai jamais joué à l'indienne
Je te le jure
Ces racines, elles me pénètrent jusqu'au fond de ma propre douleur.

Dis-moi, je t'en prie, une fois encore, que j'existe.